A notre regretté camarade Stéphane

Stéphane,

 

On se connaissait depuis plus de dix ans et aujourd’hui on se retrouve dans une configuration qui n’a jamais été envisagée entre nous et je dois t’avouer que tu m’as pris au dépourvu, quand tu avais émis le souhait de rejoindre notre équipe syndicale au sein des HUS en 2017, on s’était engagé à se parler en toute franchise et on avait échangé nos objectifs respectifs sur les années à venir.

Aujourd’hui, je suis orphelin de mon synonyme antonyme comme j’aimais te définir, tu étais ma contre-mesure nécessaire ce qui faisait de toi un des piliers de notre bureau syndical.

Lors de nos échanges, tu avais cette analyse te permettant de faire évoluer les idées, les projets, les stratégies toujours dans l’intérêt Général, pour les professionnels, pour les patients, tu permettais une orientation politique syndicale saine et de toute franchise.

Tu n’hésitais pas à me reprendre au moment de mes poussées Bolchevicks, tu avais ce don de pouvoir tout ramener au niveau de l’intérêt général, sans être contraignant, par la démonstration naturelle de ton raisonnement. C’était ta force.

Pour moi et pour le bureau, tu représentais la fonction syndicale dans son excellence, tu avais trouvé un équilibre difficile à avoir entre ton poste professionnel, ton poste syndical sans toutefois délaisser ta vie familiale bien au contraire.

On échangeait régulièrement sur les valeurs familiales et je sais que tu mettais un point d’honneur à être présent et investi pour ta famille et qu’elle était ta première ressource et ta première fierté.

Tu as toujours refusé les mandats syndicaux ou tu pensais ne pas pouvoir apporter ton maximum comme tu le faisais au quotidien au CHU, chaque refus me donnait une grande leçon d’humilité.

Pour nous, tu resteras un exemple dans le travail syndical au vu de l’implication et l’abnégation que tu as développée pour apporter des résultats, des avances pour les professionnels, les collègues, les camarades.

Tu siégeais dans toutes les instances locales du CHU et tu y œuvrais avec un ton sûr, explicite, et ton aisance dans les prises de paroles te permettait d’être parfois facétieux et malicieux, ce qui enrichissait ta personnalité syndicale.

Tu étais connu et reconnu par l’ensemble de la communauté hospitalière. Chacun et chacune reconnaissait en toi une personne dévouée à l’autre sans aucune aspiration personnelle. Tu as combattu l’injustice toute ta vie et aujourd’hui c’est elle qui prédomine dans ton départ.

Injustice, moteur de tes réactions, de ton combat, de ta lutte avec la reconnaissance de la valeur professionnelle, cette quête que tu avais de rechercher une reconnaissance pour les professionnels qui s’engagent et s’investissent tous les jours.

Stéphane, l’idée d’oraison n’était pas qu’être élogieux, mais force a été de constater que le contraire a été impossible tellement tu fais l’unanimité, tout concours pour te définir comme une personnalité que tout le monde aimait, appréciait, en dix ans je n’ai jamais croisé aucune animosité envers toi, malgré des engagements forts et des positionnements catégoriques sur certains sujets, ta force étant la démonstration étayée par un travail conséquent sur les sujets.

Tu avais cette bienveillance naturelle, dévouée à ton prochain qui englobait et mettait sous bulle protectrice tout ce que tu projetais et amenais.

L’adage populaire qui signe l’irremplaçabilité des personnes à savoir personne n’est irremplaçable risque aujourd’hui de se confronter à la réalité de ta personne et pour continuer à être franc jusqu’au bout, je pense que personne ne voudra te remplacer tant bien même qu’il pourrait y arriver, le grand vide que tu laisses dans nos cœurs se matérialisera par le grand vide que tu laisseras dans nos murs habitués à ta silhouette, ta bonne humeur, ton sourire.

Pour finir ces mots, sache que je garderais à vie la dernière image que tu m’as offerte la semaine dernière, le poing levé en me disant de continuer la lutte avec courage.

Merci mon Stéphane, pour ce que tu as fait pour nous, pour ton investissement auprès des professionnels et des patients.

Merci Emilie et Quentin, d’avoir porté Stéphane et de l’avoir nourri d’amour toutes ces années.

Christian Prud’homme & toute l’équipe FO HUS