Force Ouvrière des HUS a été reçu brièvement ce matin avec 3 autres organisations syndicales, non pas par les experts visiteurs mais par une coordinatrice et la coordinatrice uniquement, Mme Simone Nerone.
Cela a permis d’exposer le contexte très compliqué de notre CHU, de mettre en avant la possibilité de certifier et de qualifier notre établissement d’excellence en évaluant des process avec un programme de visites, préparé et connu à l’avance alors que notre établissement souffre de 300 lits fermés et de plus de 500 postes vacants entrainant des difficultés directes sur son fonctionnement et la prise en charge des patients, pouvant potentiellement apporter des risques aux patients et aux professionnels.
C’est pourquoi, FO a tenu à communiquer avec la lecture d’une déclaration liminaire suivante :
Force Ouvrière des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg a demandé à vous rencontrer dans le cadre de votre expertise de notre établissement, notre Directrice Générale devrait vous présenter un CHU en difficultés aujourd’hui, qui n’a pas réussi à absorber en son sein l’ensemble des vagues Covid et qui aujourd’hui, paye le prix fort d’une politique après Covid agressive sur le nombre de lits d’une manière générale, et paye un engagement sans aucune mesure qui a été subi par l’ensemble des professionnels depuis janvier 2020.
Sans refaire l’anamnèse complète, il nous paraît utile de vous rappeler 2 thématiques importantes qui éclairent la situation de détresse de notre établissement aujourd’hui.
Une situation de crise d’un des CHU le plus impacté lors de la première vague Covid avec un investissement total de l’ensemble des professionnels qui n’a jamais pu récupérer psychologiquement et physiquement de cette vague qui s’est répétée par 2 fois, en moindre mesure par la suite. Cet investissement très peu reconnu et rapidement oublié par nos tutelles a marqué nos professionnels physiquement et moralement.
Beaucoup de professionnels ont quitté notre établissement depuis, pour des raisons de sauvegarde de leur vie professionnelle et vie privée.
La 2ème thématique qui achève la première, c’est une gestion du budget de notre établissement qui a échappé à tout le monde, à toutes nos tutelles jusqu’à Bercy et qui aujourd’hui avec un déficit de plus de 50 millions engendre des carences dans les effectifs et les ouvertures de lits.
Ces deux thématiques aujourd’hui, en plus d’une ambiance générale de soins en berne, entrainent de vraies difficultés de Ressources Humaines, médicales et paramédicales, ainsi on se retrouve en plus des 800 lits fermés en 8 ans, avec plus de 200 lits fermés pour raison unique de manque de professionnels.
Aujourd’hui, comment une certification peut prétendre évaluer un établissement sur 15 critères, sans prendre en considération la réalité factuelle du terrain et les vraies difficultés de prises en charge que l’établissement rencontre ?
Comment certifier un établissement, sans prendre en considération des difficultés récurrentes que l’établissement rencontre dans ses urgences du Nouvel Hôpital Civil, avec une fermeture des lits attenants aux urgences qui traduit une volonté politique de reporter les difficultés sur les autres services et l’ensemble du territoire départemental.
Comment certifier un établissement qui se retrouve à devoir faire face à des prises en charge mettant potentiellement en danger des patients mais aussi certains professionnels dans leur exercice.
Pour Force Ouvrière, comment ne pas s’indigner après le classement d’un Évènement Indésirable Grave en inévitable lors d’une mort inattendue du 1er septembre, sans aucune considération sur des difficultés de prises en charge criantes à ce moment-là, par des droits d’alertes déposés la veille du décès.
S’il y a une visite d’experts dans notre établissement, regardons l’ensemble de l’établissement et ne compartimentons pas pour éviter l’émergence de certaines difficultés auxquelles l’établissement doit faire face.
Cette certification le cas échéant, doit permettre de faire remonter la réalité du terrain avec toutes les difficultés que cela implique et non pas faire remonter un mirage, un hologramme tronqué de notre établissement.
Nous sommes toujours dans l’attente d’une prise en compte de notre courrier auprès du Ministère sur une enquête IGAS, sur les morts inattendus survenus et révélés en 2022.
Nous ne pourrons pas nous satisfaire politiquement et médiatiquement d’une certification survolant certaines difficultés et ne relevant pas des situations qui en 2023 ne sont pas acceptables, comme l’engorgement des urgences avec impossibilité aux véhicules de secours de déposer leurs patients parfois pendant plusieurs heures, entrainant bien évidemment certaines disparités au mieux dans les prises en charges.
Au fait de vos objectifs, nous avons foi en votre expertise et espérons qu’elle sera guidée uniquement par votre volonté d’évaluateurs, sans prise politique ou raisons sociales et ainsi permettra à l’ensemble des professionnels de se rendre compte que notre établissement sanitaire, fort de son excellence encore bien présente aujourd’hui, se trouve en difficultés réelles.
Il y a potentiellement des effets sur les prises en charge de patients, que ce soit aux Urgences, en service conventionnels mais aussi aux blocs opératoires où nous avons un manque de plus de 50 IBODE et comme exemple un bloc de transplantation hépatique reconnu dans le Grand-Est avec une équipe divisée sans IBODE diplômés.
Nous soignants, nous faisons un métier de bienveillance, pas de carrière montante ou descendante, nos statuts de la Fonction Publique nous permettent aujourd’hui de vous prévenir d’un état compliqué où les prises en charge de matière générale ne répondent plus aux valeurs soignantes, ce ne sont pas des gabegies que de les exposer aujourd’hui.
Nous n’avons à titre personnel individuel aucun intérêt personnel à établir ce constat, c’est toujours dans une idée progressiste de prise en compte du degré de difficultés de prises en charge, nous ne pouvons que constater une détérioration significative des conditions de travail et des difficultés dans les prises en charge des patients.
Merci à vous de venir expertiser notre établissement, vous vous trouvez au chevet d’un grand malade qu’il faudra soigner, mais pour cela il faut reconnaître que notre CHU est malade, que notre institution aujourd’hui n’est pas dans une pathologie psychiatrique mais que c’est bien en son sein qu’il faut reconnaître et certifier son état.
Merci à vous pour votre expertise.
Christian PRUD’HOMME
Secrétaire Général FO-HUS